Mt 10,14. Un conseil surprenant
Si l'on refuse de vous recevoir, si l'on n'écoute pas vos paroles... sortez de cette maison, ou de cette ville en secouant la poussière de vos pieds. (Matthieu 10,14)
Jésus, si accueillant en d'autres circonstances, donne aux apôtres ce conseil qui nous surprend. Le fait de ne pas croire en Dieu était rare en Israël, mais le Christ apportait une telle nouveauté sur les relations de l'homme avec Dieu que les apôtres en prêchant allaient très souvent rencontrer de l'incompréhension et de l'opposition.
A notre époque, nous rencontrons surtout de l'indifférence concernant la révélation chrétienne sur le sens de la vie humaine. Quant nous prononçons le nom de Jésus, même en discutant avec des amis, beaucoup de parasites se mêlent à notre échange comme dans un poste de radio mal réglé. Les contrefaçons du christianisme vécues dans l'histoire viennent d'abord à l'esprit, au point d'oublier les pages les plus belles de la vie de l'Église.
On en vient à ne plus s'intéresser à la véritable identité de Jésus. C'est sa mort au Calvaire, sommet de la foi chrétienne, qui représente le principal obstacle.
La réflexion d'une jeune femme peut illustrer ce propos. A son ami lui racontant qu'il a été visiter une église dans Paris, elle dit : Tu as toujours refusé d'accorder la moindre attention à ce type dont on n'a jamais entendu la voix, on n'a de lui que des images d'agonisant.
Des jeunes éprouvent presque de la répulsion devant un calvaire. La crucifixion est pourtant le passage obligé pour accéder au renouvellement de tout l'homme.
L'amour authentique que nous recherchons tous est rappelé grâce à Celui qui s'est fait l'un de nous et qui a été victorieux sur la mort, au matin de Pâques.
Rien de méprisant par conséquent dans la recommandation de Jésus à son disciple pour qu'il efface la trace de son passage là où l'on refuse de l'entendre. Le Seigneur est au contraire à l'affût d'occasions favorables et d'ouverture dans le cœur de l'homme.
On peut penser qu'il est donné à tout le monde de reconnaître un signe de Dieu un jour dans sa vie.
Quant un climat de confiance s'établit avec les autres, individuellement ou en groupe, il est possible d'exprimer ce qui nous tient le plus à coeur et il y a grande chance pour que notre propos soit accueilli.
L'enrichissement joue de part et d'autre, chacun se sent respecté dans son cheminement. La mission a quelque chose à voir dans la fonction d'engendrement : La parole de Dieu ne porte du fruit que par contagion relationnelle. Pour cela, il faut développer des cellules ecclésiales à taille humaine, dans les paroisses ou tout autres lieux d'échange et d'écoute.*
Frère Michel THIVEL
Prieuré Charles de Foucauld
Le Moulin de l'Oulme (Gard)
Chronique n°240, septembre 2007
*Une chance pour l'Évangile, vers une pastorale d'engendrement. Sous la direction de Philippe Bacq et Christoph Théobald. Éd. De l'Atelier, Paris 2006.