Jn 4. Seigneur, donne-moi de cette eau vive !
Une rencontre
Dans ce récit, Jean nous donne une page .de 'catéchèse' extraordinairement bien campée et qui garde aujourd'hui toute son actualité. Des gens qui ne s'aiment pas, qui ne se parlent pas, c'est une banale histoire d'humanité ! Mais aussi des gens qui ont soif de quelque chose ou de Quelqu'un.
Jésus nous est présenté ici dans toute son humanité, « Il s'est fait homme » ; fatigué par la marche, il s'asseoit au bord d'un puits, en pleine chaleur de midi, il a soif, il est démuni, il n'a pas de quoi puiser une gorgée d'eau. Nous avons ici comme une parabole; les hommes partout cherchent à étancher leur soif, mais ils doivent travailler dur pour creuser et ce n'est jamais que de l'eau d'un puits.
Et moi, quelles sont mes fatigues, mon besoin de m'asseoir.?
L’attitude de Jésus
Tout sépare Jésus de la Samaritaine: Il fait partie d'un peuple, il est Juif, et à ce titre il ne doit pas parler à l'étranger de Samarie. Elle, une femme de mauvaise réputation, de religion différente, voire hostile, sa vie «dissolue». Jésus, bousculant tous les tabous, commence par exprimer son besoin : de l'eau pour se désaltérer ! Il ne lui demande que ce qu'elle peut lui donner, mais tout ce qu'elle peut lui donner. Cette simple demande, bien humaine, va ouvrir toute une discussion, toute une démarche de foi, puis toute une aventure missionnaire.
Et moi, quelles sont mes soifs, mes attentes, mes besoins, les désirs…
L’attitude de la Samaritaine
« C'était l'heure de midi » nous dit l'évangéliste. Ce n'est pourtant pas l'heure la plus propice de la journée pour aller puiser de l'eau. C'est que cette femme a bien l'intention d'être seule, et de ne pas se faire remarquer : tout le monde la connaît ou croit la connaître «la femme aux six maris»… Et puis, la Samaritaine, elle a sa fierté. « Toi un Juif; comment peux-tu demander à boire à une Samaritaine comme moi ! » Elle exprime par-là toute sa différence et aussi avec un certain humour sa supériorité : « tu n'as pas de quoi puiser et le puits est profond ! » Jésus lui dit qu'il peut lui donner une eau vive. Elle ne connaîtra plus jamais la soif ? Enfin une réponse à une de ses questions quotidiennes : finies les corvées d'eau ! Décidément ils ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Le dialogue est ouvert. En découvrant la réalité de sa propre vie, de ses relations, elle découvre en même temps la vraie personnalité de Celui qui lui a demandé à boire. Elle entre alors dans un grand courant d'eau vive. Elle commence à trouver un chemin à sa deuxième préoccupation : où se trouve la vérité ? Conduite par Jésus à reconnaître la vérité de sa situation et la vérité de l'homme qui lui parle : « Le messie, je le suis moi qui te parle ». Enfin un chemin de vérité s'ouvre pour elle et elle va l'ouvrir pour tout son village de Sychar. Me tourner vers ce Dieu qui est Père, l'adorer en esprit et vérité...
Quel Père est-il pour moi ? En quel lieu j'adore et trouve sa présence ?
Frère Bruno JOURNET, Prieuré Saint Bernard, CRANCEY (Aube)
Publié dans Chronique de Mars 2003.
Photos prises à Loches, lors d'une exposition des oeuvres du peintre Arcabas.