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Fraternité universelle


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Cette fraternité universelle, nous l’avons héritée du Christ qui a pris notre condition d’homme par sa venue dans notre monde. Il était Dieu par sa nature et son être ; il nous a gratifiés de son amour et nous a rapprochés les uns des autres, issus de toutes langues et cultures. En somme, Il nous a faits des fils d’un même Père. Le fruit de cette filiation découle de l’écoute de la Bonne Nouvelle et de la réception du baptême. "Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" (Mt 28,19- 20).

Cette parole du Christ a traversé les montagnes et les océans par des vaillants missionnaires, pour rejoindre les différentes couleurs, races, ethnies, langues. Le message du salut, apporté par les missionnaires, est comme une épée tranchante. Elle a transpercé mon cœur : "comme la pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée" (Is 55, 10).

Une seule famille
Le Christ par sa Parole a fécondé ma vie, Il l’a modelée comme de l’argile entre les mains d’un potier. Puis, l’aboutissement de ce cheminement, c’est l’entrée officielle dans son Église par le baptême. Par ce baptême, je porte le même nom de famille « chrétien ». Avec chaque baptisé du monde entier, qu’il soit africain, européen, asiatique, nous formons une même et seule famille, les frères et les sœurs de Jésus. Car nous cherchons à écouter sa Parole et faire la volonté du Père qui l’a envoyé. L’Évangile est notre code de la route, notre guide, notre règle de vie. C’est de là qu’est née cette fraternité universelle. Car Jésus l’a dit : "Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère" (Mc 3,35). Cette même parole nous lie, unit, rassemble. Elle fait que partout on se retrouve frères et sœurs de tous.

Plusieurs de nos communautés témoignent de cette réalité : les Frères de différents continents vivent en communauté ; les Frères de différents pays ou à l’intérieur du même pays, de plusieurs ethnies vivent ensemble. Car notre consécration religieuse s’enracine intimement dans notre consécration baptismale et l’exprime avec plus de plénitude (Constitutions n° 10). Cette fraternité m’a amené à quitter mon pays pour aller vivre au Togo parmi le peuple Kabyè, au Bénin avec les Batunum et aujourd’hui au Burkina-Faso, en pays Gourmantché avec d’autres Frères de différentes ethnies. Chacun apporte sa couleur de vivre, sa joie, ses espoirs et ses misères. Car ce qui fait la beauté d’un bouquet de fleurs, c’est toute cette différence.
Tous frères de Jésus
En 2009, l’expérience du Chapitre a été révélatrice, nous étions réunis de trois continents ; Afrique, Brésil et Europe, dans une même salle, un même esprit, un même cœur, comme les apôtres autour de Jésus. Nous ne parlions plus de races ni d’ethnies, mais une seule et unique fraternité nous animait, tous frères de Jésus avec le même fondateur le Père Epagneul pour vivre une même spiritualité, un même charisme, celui des Frères Missionnaires des Campagnes.
Alors, nous sommes tous invités à vivre cela au quotidien de notre vie, entre nous et avec les ruraux. Nous sommes tous bâtisseurs de cette fraternité par la confiance, la prière, le partage et le pardon mutuel. La qualité de cette fraternité dépend du temps qu’on lui donne dans nos communautés. Alors soyons inventifs pour mieux vivre cette fraternité que nous avons reçue par grâce.
Oh ! Quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères (Ps 133, 1).
Frère Thomas BOENA
Prieuré St Kisito
Pama (Burkina-Faso)


"Nous vivons dans des sociétés où les différences se côtoient :différence de culture, d’âge, de formation, d’expérience communautaire, de langue, de façon de penser… Cette diversité de culture fait partie aujourd’hui de notre vie quotidienne. La congrégation connaît elle aussi la multi-culturalité : histoires diverses, générations différentes, présence sur trois continents. Cette situation est un défi pour le charisme et la vie de la congrégation. Elle est une chance pour “tout récapituler dans le Christ” (du Chapitre des Frères).


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La fraternité va jusque là

IMG_9668Y a-t-il toujours cohérence entre nos paroles et nos actes, entre nos désirs et leur réalisation ? Cela concerne la vérité dans nos relations et, pour nous religieux, dans notre vie communautaire. Oui, la fraternité va jusqu’à tendre à cette harmonie et à en prendre les moyens. Sœur Marie-José nous partage son expérience à ce sujet.

Angevine d’origine, je suis allée voir un prieuré de Sœurs des Campagnes à Lumigny en Seine-et-Marne. On ne m’a pas donné beaucoup d’explications. Timide, je n’ai pas posé beaucoup de questions, mais j’ai vu vivre cette communauté. J’ai été très impressionnée par le style de vie un peu austère de la maison, le silence, la prière chantée de l’office. J’ai surtout découvert les relations fraternelles à l’intérieur de la communauté et aussi avec les gens du village, une simplicité de relations et d’accueil. Cela m’est apparu comme faisant partie intégrante de leur vie. C’est le souvenir le plus fort que j’ai gardé. C’était cela être Sœur des Campagnes ? Cela devenait pour moi comme une promesse de vie.

Vivre selon l’Évangile, c’est d’abord vivre le commandement nouveau de l’amour fraternel donné par Jésus. Tous les chrétiens y sont appelés. Sœurs, nous avons été séduites par l’amour du Christ et nous nous sommes engagées à mener en prieuré une vie à l’imitation de Jésus avec ses apôtres et de la première communauté de Jérusalem, c’est-à-dire un chemin de vie ensemble : en communion avec mes Sœurs jusqu’à la mort, avons-nous dit le jour de notre profession perpétuelle.

Une tâche à accomplir 

Nous vivons en communauté avec des Sœurs que nous n’avons pas choisies, nous acceptant différentes de caractère, de culture, marquées par le vécu de notre enfance, de notre jeunesse. Ces Sœurs me sont données, j’ai donc à les recevoir, à les accueillir comme moi je suis accueillie par elles. Chacune est amenée à mettre ses dons au service des autres, à apporter sa part pour la vie de la communauté avec ses capacités personnelles, manuelles, intellectuelles. Donner et recevoir. Dans le quotidien, nos différences, nos tempéraments s’expriment. Des heurts, des incompréhensions se manifestent qui peuvent nous « bloquer ». Au fil des années des difficultés, des handicaps de santé apparaissent dont chacune peut souffrir et faire souffrir les autres. Qu’en est-il de l’heureuse promesse de vie des premières années ? Nous pouvons être amenées à en douter. Comment continuer à avancer sur ce chemin ? Lors de certains passages dans nos vies nous sommes tentées de dire :  c’est impossible. Impossible pour nous, mais pas pour Dieu.

Une grâce à recevoir

Vivre en communauté nous amène à reconnaître nos limites et nos faiblesses devant les autres. Et cela peut nous faire avancer dans la vérité sur nous-mêmes ; expérience qui libère, ouvre le cœur, bâtit la relation, fait grandir la confiance entre nous. Jour après jour nous avons à vivre très simplement le pardon, la réconciliation : un geste, une parole, une explication, une prière pour l’autre dans le secret. Si ton frère, ou ta sœur, a quelque chose contre toi, va d’abord te réconcilier… Le pardon mutuel nous le vivons aussi dans un contexte plus large, en réunion de communauté à intervalles réguliers dans ce que nous appelons la révision communautaire. Dans un climat de prière, nous nous remettons ensemble devant tel aspect de notre vie, de notre mission, à la lumière de l’Évangile pour éclairer ce que nous avons vécu. C’est un moment de vie communautaire qui peut être exigeant à vivre mais est souvent source de paix et de joie. Dans le chemin de vie ensemble la prière rythme nos journées : prière personnelle, prière liturgique pour chanter la louange de Dieu, intercéder avec et au nom de tous ceux qui nous entourent ; prière qui nous relie à toute l’Église.

Éclairée par la Parole de Dieu

La Parole de Dieu est accueillie chaque jour et partagée comme un pain. Je pense à ce que nous vivons chaque fin de semaine, durant une heure, autour de l’Évangile du dimanche suivant : ensemble nous approfondissons le texte, nous exprimons ce que les paroles, les actes de Jésus éveillent en nous comme appel, nourriture pour notre foi, notre espérance. Et nous prenons aussi le temps d’une relecture de la semaine qui s’achève. Chacune de nous évoque ce qui, à la faveur des événements, des rencontres, a été pour elle signe de la présence de l’Esprit de Dieu, ce qui l’amène à rendre grâce. Parfois il m’arrive de n’avoir rien à partager, mais ce qui est exprimé par les autres Sœurs élargit mon regard et mon cœur ; je rejoins la prière, la joie des autres.

Ces partages constituent un tissu de vie et de foi, une communion fraternelle entre nous et avec la vie du monde.

Sœur Marie-José FORESTIER

Prieuré Sainte Madeleine, Meyrargues (Bouches-du-Rhône). Paru dans Chronique de Mars 2010.

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